"la peine après la peine"

Publié le par Christophe Rossignol

www.humanite.fr/2008-01-28_Societe_-La-droite-reve-d-un-risque-zero-qui-n-existe-pas La droite rêve d’un risque zéro qui n’existe pas . Membre de la commission des Lois, la sénatrice (Verts) Alima Boumediene-Thiery explique les dangers de la loi Dati sur la « rétention de sûreté », en discussion demain au Sénat. Dans son projet de loi sur la « rétention de sûreté », la garde des Sceaux Rachida Dati propose de créer des centres fermés pour les criminels jugés « dangereux » à la fin de leur peine. Très mobilisée sur le sujet, la sénatrice Verts Alima Boumediene-Thiery déposera dix amendements lors du vote du projet au Sénat, prévu demain et mercredi. Pourquoi vous opposez-vous à cette loi ? Alima Boumediene-Thiery. Sur le principe, je suis contre la peine après la peine. Ce qui est proposé aujourd’hui par le gouvernement est inacceptable et dangereux : il s’agit d’une remise en cause de nos principes et d’une violation potentielle de notre Constitution. Les modifications de la commission des Lois rendent-elles ce texte acceptable ? Alima Boumediene-Thiery. J’approuve les modifications de la commission, elles vont dans le bon sens et permettent de limiter les dégâts. Malheureusement, le principe de la loi reste : on ne fait pas la distinction entre des criminels responsables, qui doivent être condamnés tout en ayant un accès aux soins en prison, et les malades irresponsables qui n’ont pas à y mettre les pieds. Les parlementaires accepteront-ils les modifications de la commission des Lois, sachant que, dans ce cas, la loi ne s’appliquerait que dans quinze ans ? Alima Boumediene-Thiery. Je pense que les sénateurs de la majorité ne nous suivront pas. Certains nous ont dit clairement qu’ils n’étaient pas une instance de contrôle de la Constitution, mais une instance politique qui votera ce que lui demande le gouvernement. Ils veulent faire porter la responsabilité de l’échec de cette loi sur le Conseil constitutionnel. L’introduction de la notion de « dangerosité » dans le code pénal représente-t-elle un risque ? Alima Boumediene-Thiery. La dangerosité, c’est un concept très subjectif. Même les experts ne réussissent pas à s’entendre sur cette notion. Il est impensable d’introduire une notion si floue dans le code pénal ! La droite rêve d’une société du « risque zéro », qui ne peut pas exister. La loi prévoit-elle des moyens suffisants pour un suivi efficace des malades ? Alima Boumediene-Thiery. Non, c’est un autre problème. Il aurait d’abord fallu faire la réforme pénitentiaire pour ensuite s’attaquer aux problèmes plus spécifiques de la récidive des criminels. J’ai l’impression que l’on met la charrue avant les boeufs. Pourquoi la mobilisation contre cette loi est-elle si peu relayée ? Alima Boumediene-Thiery. Je suis très déçue de la part des médias. Je trouve incroyable qu’une loi si importante, qui bouleverse toute une conception du droit et notre tradition judiciaire, soit aussi peu expliquée. C’est le silence radio alors que l’on ouvre des portes dangereuses. Article paru le 28 janvier 2008
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